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L ' u S i n e _ Ă _ g a Z
2022-08-02T08:48:56+01:00
Jean Martial-Guilhem
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Dotclear
Changement d'adresse
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2018-08-31T11:58:00+01:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
<h2>Retrouvez L'uSine Ă gaZ Ă sa nouvelle adresse :
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L'invention de l'humanité.
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2015-06-27T22:18:00+01:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
Politique
<p>Il est un fait moderne et rĂ©curent qui consiste Ă Ă©valuer tout phĂ©nomĂšne historique Ă l'aune des valeurs morales de notre temps. S'il existe bien une intemporalitĂ© et une universalitĂ© de la loi morale, Kant nous a appris qu'elle ne saurait ĂȘtre que personnelle et surtout non encore actuelle, la morale demeure un idĂ©al Ă rĂ©aliser dans l'humanitĂ©. L'idĂ©e d'humanitĂ© justement -Ă partir de laquelle sont Ă©valuĂ©s nombres de faits historiques- n'est pas Ă l'humanitĂ© une donnĂ©e innĂ©e.</p>
L'esthétique du siÚcle.
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2014-11-23T13:48:00+00:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
L'idée c'est la perspective
<p>La dent longue et l'idée courte, c'est l'esthétique du siÚcle.</p>
La fin de la propriété privée.
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2014-10-14T10:58:00+01:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
Politique
<p>De la propriĂ©tĂ© privĂ©e nait le capitalisme. La fin de la propriĂ©tĂ© privĂ©e suffirait-elle Ă nous en libĂ©rer ?</p> <p>En affirmant que "la propriĂ©tĂ© privĂ©e est un vol", Proudhon -Ă son insu sans doute- commet un paradoxe. En effet tout vol prĂ©suppose la propriĂ©tĂ© et on ne peut voler que celui qui est dĂ©jĂ propriĂ©taire. Ainsi de qui la premiĂšre propriĂ©tĂ© privĂ©e serait-elle le vol ? Penser la propriĂ©tĂ© privĂ©e comme un vol suppose de distinguer Ă l'instar de Locke deux sortes de propriĂ©tĂ© : une propriĂ©tĂ© exclusive -qui renvoie Ă la propriĂ©tĂ© privĂ©e elle-mĂȘme- et une propriĂ©tĂ© que l'on appellera inclusive. En effet pour Locke, Dieu a donnĂ© la nature Ă tous sans la donnĂ©e Ă personne en particulier, elle appartient donc Ă tout le monde sans appartenir Ă personne. La communautĂ© des hommes possĂšde la nue-propriĂ©tĂ© de ce dont chacun est usufruitier. Si tous ont le droit d'en user, nul n'en est le propriĂ©taire exclusif. C'est pourquoi la propriĂ©tĂ© privĂ©e devient illĂ©gitime, elle est un vol fait Ă l'humanitĂ© toute entiĂšre. Ainsi la sociĂ©tĂ© civile qui s'Ă©rige sur la dĂ©fense de la propriĂ©tĂ© privĂ©e devient-elle suspecte. Et Rousseau affirmera Ă juste titre que "le premier qui enclot un terrain, qui dit ceci est Ă moi et qui trouve assez d'imbĂ©ciles pour le croire, celui-lĂ est le fondateur vrai de la sociĂ©tĂ© civile." Mais si la loi de la sociĂ©tĂ© civile protĂšge en premier lieu la propriĂ©tĂ© privĂ©e, elle vise aussi Ă condamner la pauvretĂ©. Elle protĂšge les forts et condamne les faibles de telle sorte que les faibles se trouvent dans l'obligation de vendre leur force de travail ; ce en quoi consiste l'aliĂ©nation chez Marx. "N'ayant pu faire que le juste soit fort, on a fait en sorte que le fort fut juste", pourrions-nous dire avec Pascal.<br />
Aussi la propriĂ©tĂ© privĂ©e constitue le nerf de la guerre, l'Ă©picentre de tout conflit et la matrice de la crise de notre monde contemporain, dans la mesure oĂč elle signe l'acte de naissance du systĂšme capitaliste et libĂ©ral ainsi que l'aliĂ©nation du travail. Ce qu'en leur temps avait dĂ©jĂ analysĂ©s Montesquieu et Rousseau. Dans les sociĂ©tĂ©s libĂ©rales et capitalistes fondĂ©es sur la propriĂ©tĂ© privĂ©e, l'intĂ©rĂȘt particulier prime en effet sur l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. "La loi du monde nous apprend, nous dit Montesquieu, Ă ne jamais nous oublier nous-mĂȘmes" et Ă faire passer son intĂ©rĂȘt avant lâintĂ©rĂȘt de tous. Ce qui gĂ©nĂšre Ă©goĂŻsme en l'homme et conflits entre les hommes.<br />
Si nos sociĂ©tĂ©s capitalistes semblent survire Ă tous les coups qui lui sont portĂ©s, ce n'est qu'au prix du sacrifice de ceux qu'elle sacrifie par principe, les travailleurs. Ce n'est jamais le systĂšme capitalisme qui sâaffaiblit mais la population laborieuse qui se soumet ; persuadĂ©e qu'il n'y a pas d'alternative, tout en vĂ©nĂ©rant la rĂ©ussite de ceux qui y sont par naissance conditionnĂ©s, lorsque dans le mĂȘme temps les mĂ©canismes de reproduction et de dĂ©terminisme sociaux renvoient le peuple Ă son impuissance fantasmĂ©e.<br /></p>
<p>La fin de la propriĂ©tĂ© privĂ©e pourrait-elle nous sauver des affres d'un systĂšme capitaliste ? La fin de la propriĂ©tĂ© privĂ©e se conçoit aujourd'hui Ă partir de la disparition progressive des biens matĂ©riels et des supports physiques au profit du numĂ©rique dans les produits culturels. Mais cela ne va pas sans poser quelques problĂšmes.Puisque dĂšs lors s'ouvre Ă nous un monde oĂč tout se vaut, un monde sans hiĂ©rarchie oĂč disparaissent maĂźtres et experts. Ce sont ici en tout cas les arguments de ceux qui sont -comme les qualifie RanciĂšre- dans la haine de la dĂ©mocratie ; de ceux qui considĂšrent la dĂ©mocratie comme un despotisme populaire.<br />
Avec l'idĂ©e d'une dĂ©mocratie dĂ©libĂ©rative nĂ©e du contrat social, Rousseau avait sans doute dĂ©jĂ tracĂ© avant l'heure la possibilitĂ© d'une troisiĂšme voie entre capitalisme et Ă©tatisme, entre libĂ©ralisme et ce qui apparaitra plus tard comme socialisme. Le contrat social consiste Ă remettre sa libertĂ© et sa propriĂ©tĂ© non pas aux mains d'un souverain comme chez Hobbes mais aux mains de la communautĂ©. Autrement dit chacun se dessaisie de la partie essentielle de lui-mĂȘme. Mais loin d'ĂȘtre une aliĂ©nation, se dessaisissement est en fait l'acte par lequel l'unitĂ© d'un peuple se forme Ă partir de la multitude d'intĂ©rĂȘts divergents. Mais cela suppose ce que Montesquieu appelait ironiquement "l'angĂ©lisme politique" qui consiste Ă savoir s'oublier soi-mĂȘme au profit de l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Car qu'il le soit par nature ou qu'il le soit devenu par nĂ©cessitĂ© sociale et culturelle, l'homme est aujourd'hui Ă©goĂŻste. Cependant comme l'a montrĂ© Adam Smith, de l'intĂ©rĂȘt particulier peut naitre la nĂ©cessitĂ© d'un accord avec l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Il ne s'agit plus d'angĂ©lisme politique ou de morale pure, mais d'une morale utilitariste qui pourrait se formuler selon l'injonction : "Ne fais aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'ils te fassent." Il est alors dans l'intĂ©rĂȘt particulier du commerçant d'ĂȘtre juste en traitant de la mĂȘme maniĂšre tous ses clients mĂȘme ceux qui sont de ses amis, sans quoi ceux-ci demeureront ses seuls clients. Mais l'intĂ©rĂȘt particulier n'est pas l'Ă©goĂŻsme et l'individualisme qui caractĂ©risent nos sociĂ©tĂ©s modernes. Le systĂšme capitaliste est fondĂ© sur l'inĂ©galitĂ© qu'instaure le jeu de l'offre et de la demande. Certes comme l'affirme Rawls, les inĂ©galitĂ©s peuvent ĂȘtre tolĂ©rĂ©es si elles sont dans l'intĂ©rĂȘt du plus grand nombre, mais de fait le capitalisme est incompatible avec l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. L'intĂ©rĂȘt du plus grand nombre n'est pas l'intĂ©rĂȘt de tous.</p>
La démonstration.
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2014-10-03T15:57:00+01:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
Philosophie
<p>Démontrer consiste à fonder l'apparence pour la connaitre avec certitude, ramener ce qui se montre à son fondement pour le connaitre certainement. Le fondement est l'élément de la démonstration. Il est ce qui rend raison d'une chose, sa cause. Il est l'idée chez Platon, l'essence chez Aristote ou encore l'évidence chez Descartes.</p>
Volonté de puissance et éternel retour.
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2014-10-02T16:21:00+01:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
Philosophie
Kant morale Nietzsche volonté
<p>Comprendre le sens du syntagme "volonté de puissance" chez Nietzsche suppose de l'interpréter dans la perspective de la morale ou plus précisément de l'éthique. La morale en effet limite la volonté par le devoir lorsque l'éthique limite la volonté par la puissance ou le pouvoir.</p> <p>Il est facile de se méprendre sur le sens de cette notion de "volonté de puissance" chez Nietzsche. La volonté de puissance ne consiste pas à vouloir le pouvoir ou la puissance, elle ne consiste pas à exercer l'un ou l'autre en soumettant et dominant d'autres volontés. Au contraire soumission et domination sont les symptÎmes d'une volonté réactive chez Nietzsche, elles sont le signe d'une volonté faible. La soif de domination que l'on nomme communément mais improprement puissance est en réalité faiblesse. C'est ce qu'illustre la fable de l'agneau et de l'oiseau de proie dans <em>Généalogie de la morale</em>. Que peut-on entendre alors par "volonté de puissance" si ce n'est la volonté de domination ?
Pour en comprendre le sens, il faut ramener cette notion dans l'horizon de la morale.<br />
Traditionnellement la morale rĂ©pond Ă la question : "Que dois-je faire ?" Elle dĂ©termine ce que le sujet doit ou ne doit pas faire, elle fixe les normes du bien et du mal et contraint la volontĂ© Ă ces normes. La volontĂ© doit vouloir le bien et rejeter le mal, elle doit se contraindre au devoir. Si la volontĂ© est infinie c'est Ă dire infiniment libre comme l'affirme Descartes, elle doit pourtant se dĂ©terminer Ă agir selon certaines rĂšgles, maximes ou conduites, qui sont celles du devoir. IndĂ©terminĂ©e, la volontĂ© n'est rien, elle est comme nulle. La libertĂ© d'indiffĂ©rence est en effet le plus bas degrĂ© de la libertĂ© comme l'affirme Descartes. Elle n'est que dans la stricte mesure oĂč elle se dĂ©termine Ă ceci plutĂŽt qu'Ă cela. En tant que rĂšgles de conduite le devoir limite donc la volontĂ© mais dans la strict mesure oĂč elle lui donne forme afin de dĂ©terminer son ĂȘtre. La volontĂ© peut alors ĂȘtre dĂ©finie comme la facultĂ© de se dĂ©terminer Ă agir selon la reprĂ©sentation de certaines lois. La volontĂ© sera alors dite hĂ©tĂ©ronome lorsqu'elle est dĂ©terminĂ©e par des mobiles sensibles extĂ©rieurs, et autonome lorsqu'elle est dĂ©terminĂ©e par la loi morale qu'elle se donne Ă elle-mĂȘme librement. Cette loi est pour Kant, morale lorsqu'elle est universelle. Elle prend alors la forme de l'impĂ©ratif catĂ©gorique : "Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse valoir en mĂȘme temps comme une loi universelle." LâuniversalitĂ© de la maxime ou de la loi confĂšre Ă lâacte son caractĂšre moral. La volontĂ© doit vouloir lâuniversel, ce qui peut ĂȘtre accompli sans contradiction. Ainsi la volontĂ© perd tout caractĂšre propre et singulier. La volontĂ© individuelle devient universelle, le « Je » devient un « Nous ».<br />
A la volontĂ© morale et universelle autrement dit anonyme et impersonnelle, Nietzsche oppose la volontĂ© de puissance qui ne consiste pas Ă agir selon la forme universelle de la loi morale mais Ă vouloir ce que je peux supporter. Le pouvoir se substitue au devoir dans la limite de la volontĂ©. La volontĂ© de puissance signifie donc vouloir ce que je peux supporter. Et ce que la volontĂ© peut supporter dĂ©termine ontologiquement celle-ci, lui donne forme et figure. En derniĂšre instance, ce que peut la volontĂ© relĂšve et renvoie Ă la notion d'Ă©ternel retour. En effet ne relĂšve de ma puissance que ce que je peux Ă©ternellement supporter. Ainsi Ă l'impĂ©ratif catĂ©gorique de Kant se substitue cette autre impĂ©ratif que nous pourrions formuler de la sorte : "Agis de telle sorte que ce que tu fais tu puisses le faire Ă©ternellement". Nâest bon pour soi, que ce qui peut ĂȘtre fait Ă©ternellement, ce dont le retour Ă©ternel suscite de la joie augmente les capacitĂ©s d'actions et Ă©loigne de la souffrance et de la passivitĂ©. Le syntagme « volontĂ© de puissance » caractĂ©rise lâexpression Ă©thique de la singularitĂ© du sujet, sous la forme du bon et du mauvais pour soi, de ce que je peux ou ne peux pas faire sous lâaspect de lâĂ©ternitĂ©. L'Ă©ternel retour devient la rĂšgle de la volontĂ©, mais d'une volontĂ© non plus universelle mais singuliĂšre.</p>
Carte postale.
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2014-10-02T15:21:00+01:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
Les Ă©ditos d'AdĂšle
<p>Ădito du onziĂšme numĂ©ro des Cahiers d'AdĂšle.</p> <p>Ce carrĂ© blanc au dos de paysages, d'architectures Ă l'honneur ou de tableaux cĂ©lĂšbres ; au dos d'une Joconde Ă moustache que l'on moque sans savoir qu'LHOOQ, d'une fille nue alanguie sur le sable, la peau brunie sertie d'or et de turquoise, ce carrĂ© blanc sur lequel on inscrit l'Ă©ternel Ă©phĂ©mĂšre. "Il fait beau les enfants vont biens", "Les gens sont gentils. papi m'a achetĂ© une glace, Ă la pĂȘche aux canards je me suis fait des amis."<br />
Tout a disparu, le bleu du ciel, la chaleur du sable, les belles filles et le marchand de glace. Les enfants sont grands et le papi est mort. Tout a disparu sauf la trace, un signe sans signification au dos de cette vieille dame qui ne vieillit pas au fond d'un vieux carton, du tiroir d'une armoire ou d'un antique salon.<br />
C'est un acte de résistance que de prendre le temps pour le donner aux choses qui n'ont fait que passer, d'ensorceler la mort sur ce petit carré blanc.</p>
Génération.
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2014-10-02T15:11:00+01:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
Les Ă©ditos d'AdĂšle
<p><br />
ThĂšme du dixiĂšme numĂ©ro des Cahiers d'AdĂšle.</p> <p>Toute gĂ©nĂ©ration est nĂ©cessairement spontanĂ©e, que cette derniĂšre soit naturelle ou culturelle. Elle nâadmet ni condition ni virtualitĂ© quâelle ne ferait quâactualiser.<br />
Rien ne la prĂ©sage, elle vient comme un imprĂ©vu, inouĂŻe et inattendue, dans la sĂ©rie causale des Ă©vĂ©nements dĂ©terminĂ©s : lâhĂ©ritage de la gĂ©nĂ©ration antĂ©rieure nâest jamais totalement assumĂ©, les attentes escomptĂ©es vis-Ă -vis de la gĂ©nĂ©ration Ă venir sont rĂ©guliĂšre- ment manquĂ©es. Toute gĂ©nĂ©ration est alors issue de la libertĂ© comme capacitĂ© dâinitier soi-mĂȘme une nouvelle sĂ©rie causale.<br />
Aussi la gĂ©nĂ©ration, si elle dĂ©signe le commun et lâidentique, ne peut se penser quâaux travers des traits de la singularitĂ© et de la diffĂ©rence. Sans doute, avant dâĂȘtre un nom commun X ou Y, elle est dâabord un nom propre, le nom du premier, celui qui commence et qui gouverne, celui qui rĂ©pĂšte dĂ©jĂ toute la sĂ©rie. Lâanormal qui transforme le normal, lâanomalie qui â Ă la lettre â transforme la loi, la « nomalitĂ© ». Il y a autre chose que de la reproduction. Chaque gĂ©nĂ©ration porte en elle ses icĂŽnes, ses vibrations et son aura. De la rĂ©pĂ©tition du mĂȘme surgissent la diffĂ©rence et la nouveautĂ© : lâunique et paradoxalement lâimmuable.<br />
GĂ©nĂ©rer consistera alors Ă inventer de nouvelles formes dâexistences en faisant table rase du passĂ© et en instaurant un nouvel ordre.<br />
De ce point de vue toute génération est punk.</p>
MĂ©canique.
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2014-10-02T15:09:00+01:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
Les Ă©ditos d'AdĂšle
<p>ThĂšme du neuviĂšme numĂ©ro des Cahiers d'AdĂšle.</p> <p>La nature a ses lois qui parfois contredisent les dĂ©sirs et la volontĂ© des hommes. De cette contradiction naĂźt lâune des formes de hasard qui qualifie des effets dont nous ignorons les causes. La nature a des raisons que la raison ignore et produit dans beaucoup de cas des effets qui sont contraires Ă lâintĂ©rĂȘt des hommes. Pour sâen protĂ©ger, les hommes ont recours Ă la ruse, qui en grec se dit <em>mĂ©chanĂ©</em> et qui donnera le terme mĂ©canique. La mĂ©canique consiste donc dans la ruse nĂ©cessaire Ă lâaccomplissement de ses dĂ©sirs et volontĂ©s. Art de lâillusionniste ou du faussaire.<br />
La mĂ©canique se joue dans un rapport de force qui consiste par ruse Ă arraisonner toute chose Ă nos ïŹ ns. Loin de dĂ©couvrir ce dont elle se sert, la mĂ©canique lâutilise pour satisfaire ses ïŹnalitĂ©s. Pour autant, on ne saurait commander Ă la nature quâen lui obĂ©issant. Se servir dâune chose suppose donc que lâon sache ce quâelle est. Tout combat, toute ruse, loin dâanĂ©antir, rĂ©vĂšle ce qui est combattu.</p>
L'icĂŽne.
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2014-10-02T15:06:00+01:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
Les Ă©ditos d'AdĂšle
<p>L'Ă©dito du huitiĂšme numĂ©ro des Cahiers d'AdĂšle.</p> <p>Il est possible de diviser toutes les choses que porte le monde en deux catĂ©gories : les idoles et les icĂŽnes, avec lâidĂ©e ou lâoriginal en ligne de partage. Ces deux maniĂšres dâĂȘtre des Ă©tants nous renvoient aux distinctions platoniciennes : original, copie, simulacre ; oĂč lâicĂŽne se dit copie, conforme Ă lâoriginal et lâidole se dit simulacre qui nâentretient aucun rapport avec ce quâelle prĂ©tend ĂȘtre. Aussi, de Platon Ă lâĆuvre de Magritte Ceci nâest pas une pipe, lâart dans sa totalitĂ© renvoie pour la pensĂ©e mĂ©taphysique au simulacre. Et câest Ă ce titre que Pascal dĂ©noncera la peinture par sa vanitĂ© : « Quelle vanitĂ© que la peinture qui attire lâadmiration par la ressemblance des choses dont on nâadmire point les originaux ». Bref pour prendre Ă Platon son exemple, le lit du charpentier est conforme Ă lâidĂ©e ou original en tant quâil sert Ă dormir, lorsque le lit du peintre prĂ©tend ĂȘtre ce quâil nâest pas dans la mesure oĂč jamais il ne servira Ă dormir. Si rien ne distingue dans leur visibilitĂ© lâidole de lâicĂŽne, le tout visible de lâidole ne donne rien Ă voir au-delĂ dâelle-mĂȘme. LumiĂšre aveugle de la pornographie, opaque et sans mystĂšre. Lorsque lâicĂŽne donne dans ses traits visibles le chiffre du mystĂšre, lâinouĂŻ, lâinvu, lâinapparaissant en personne, bref lâidĂ©e mĂȘme. Ă la pornographie idolĂątre, lâicĂŽne oppose le mystĂšre Ă©rotique. Lorsque Diotime dans Le Banquet de Platon prĂ©sente Eros comme fils de Poros et de PĂ©nia, fils dâun Dieu et dâune mortelle, il se donne alors comme lâintermĂ©diaire, le passeur entre deux mondes, du mortel et du divin. Dans le visible de lâicĂŽne filtre lâorigine perdue.</p>
L'ivresse.
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2014-10-02T15:04:00+01:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
Les Ă©ditos d'AdĂšle
<p>L'ivresse était le thÚme du septiÚme numéro des Cahiers d'AdÚle dont voici l'édito.</p> <p>Rien de grand ne s'est fait sans ivresse.</p>
Le faux
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2014-10-02T14:44:00+01:00
2019-03-07T21:25:28+00:00
Jean Martial-Guilhem
Les Ă©ditos d'AdĂšle
<p>Editos du second numĂ©ro des Cahiers d'adĂšle consacrĂ© au "faux".</p> <p>Les Cahiers dâAdĂšle consacre le deuxiĂšme numĂ©ro au thĂšme du faux. Essais, nouvelles ou illustrations traduisent de façon Ă©loquente cet univers du factice qui semble rĂ©gir de façon invisible notre monde sensible, du simple mensonge que tout un chacun a pu expĂ©rimenter dans la vie quotidienne, Ă des rĂ©flexions plus holistiques sur les questions de nature et culture Ă travers lâidĂ©e de lâart comme imitation ou transcendance de la nature, en passant par des interrogations sur lâidentitĂ©. Face au faux, au factice, Ă lâartifice, qui sommes-nous quand nous disons « je » ? Et, face Ă cela, quâen est-il du concept du Vrai, de la VĂ©ritĂ© ? La fabrique du faux devient alors une entreprise complexe et ambiguĂ« qui Ă©largit son emprise sur le monde des idĂ©es et des sentiments. AgencĂ© en rubriques, ce volume dĂ©voile une rĂ©alitĂ© cachĂ©e qui rejoint et complĂšte le thĂšme prĂ©cĂ©demment explorĂ© de lâinvisible. Faussaires, arnaqueurs et escrocs en tous genres sont naturellement les piĂšces maĂźtresses de cet Ă©chiquier du mensonge, mais ces prestidigitateurs ont besoin dâun public de croyants pour crĂ©er lâillusion et lâartifice. RĂ©alitĂ© et croyance semblent se situer comme pourrait le dire J. L. BorgĂšs sur des « chemins aux sentiers qui bifurquent », embrassant des visions du monde oĂč faits avĂ©rĂ©s et besoins de croire entretiennent des rapports complexes. Ce dĂ©sir dâabsolu pourtant irrĂ©ductible Ă toutes interprĂ©tations scientifiques reste au final lâessence de tous les possibles. Câest ce que les auteurs nous donnent Ă lire.</p>
Le pardon
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2010-03-07T18:16:00+00:00
2019-03-07T20:25:28+00:00
jean
Les Ă©ditos d'AdĂšle
<p>L'appel à contribution du numéro six des Cahiers d'AdÚle consacré au Pardon en partenariat avec le Marathon des Mots.</p> <p><strong>Appel à contributions n°6 : « le pardon »</strong><br />
Si lâon pardonne câest que paradoxalement il y a de lâimpardonnable. « Le pardon est
mort Ă Auschwitz », affirmait le philosophe JankĂ©lĂ©vitch. Le pardon se tient au-delĂ
des limites, Ă lâexcĂšs. Il excĂšde lâexcusable lorsque lâexcuse excuse, paye et fait payer,
efface les dettes. Quâelle renvoie Ă quelques circonstances attĂ©nuantes ou aux rachats
de la faute, par lâexcuse, nul nâest mĂ©chant volontairement.
Le pardon, quant Ă lui, est difficile car, dans la situation limite oĂč il sâexerce, il se donne
sans retour.
Que gagne-t-on alors Ă pardonner si le pardon nâefface rien ? Loin dâexclure la mĂ©moire,
le pardon la libÚre de sa douleur, du ressentiment et du désir de vengeance. Il libÚre
le prĂ©sent pathologiquement enfermĂ© dans son passĂ© afin dâouvrir un avenir possible.
La douleur de lâimpardonnable, quâelle soit publique ou privĂ©e, quâelle soit celle dâun
peuple ou dâun individu, sâefface dans le pardon. Et la mĂ©moire enfin libĂ©rĂ©e pourra
conjuguer au futur son devoir, sous la forme de lâimpĂ©ratif : « tu nâoublieras pas ».<br /></p>
<p><strong>Edito :</strong><br /></p>
<p>Si lâon pardonne câest que paradoxalement il y a de lâimpardonnable. « Le pardon est mort à  Auschwitz », affirmait le philosophe JankĂ©lĂ©vitch. Le pardon se tient au-delĂ Â des limites, à  lâexcĂšs. Il excĂšde lâexcusable lorsque lâexcuse excuse, paye et fait payer, efface les dettes.Â
Quâelle renvoie à  quelques circonstances attĂ©nuantes ou aux rachats de la faute, par lâexcuse,
nul nâest mĂ©chant volontairement. Le pardon, quant à  lui, est difficile car, dans la situation limite oĂč il sâexerce,
il se donne sans retour. Que gagne-t-on alors à  pardonner si le pardon nâefface rien ?
Loin dâexclure la mĂ©moire, le pardon la libĂšre de sa douleur, du ressentiment et du dĂ©sir de vengeance. Il libĂšre le prĂ©sent pathologiquement enfermĂ©Â dans son passĂ©Â afin dâouvrir un avenir possible. La douleur de lâimpardonnable, quâelle soit publique ou privĂ©e, quâelle soit celle dâun peuple ou dâun individu, sâefface dans le pardon. Et la mĂ©moire enfin libĂ©rĂ©e pourra conjuguer au futur son devoir, sous la forme de lâimpĂ©ratif : « tu nâou- blieras pas ». </p>
La ville.
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2010-03-07T18:15:00+00:00
2019-03-07T20:25:28+00:00
jean
Les Ă©ditos d'AdĂšle
<p>L'Ă©ditorial du cinquiĂšme numĂ©ro des Cahiers d'AdĂšle consacrĂ© Ă la ville.</p> <p>Que lâon descende en ville, quâon sây promĂšne, que lâon y tue, ou
que lâon sây perde, tous ces « on » ne nous disent rien ou pas
grand-chose de la ville. Pour une fois câest la scĂšne et non ce
qui sây joue qui nous intĂ©resse. Quelles que soient les actions possibles
qui sây mĂšnent, la ville demeure pour nous le premier des possibles, elle
est la possibilitĂ© de toute possibilitĂ©. Et si la mort Ă lâinverse signe notre
finitude comme possibilité de toute impossibilité alors la ville est la vie
mĂȘme. La vie des hommes, la vie plurielle, la vie commune, bref un
monde. Aussi retrouve-t-elle au-delĂ des thĂšmes modernes de lâintime
et du privĂ©, lâarchaĂŻsme premier et grec du public et du commun. La
ville comme monde est un ensemble de signes, de paroles, dâĂ©changes
et de luttes. Câest le monde commun des hommes dans lequel ceux-ci
vivent et communiquent. Par la ville le « je », le « tu », le « il », nâont de
sens que dans lâĂ©conomie du « nous » ou dâune identitĂ© plurielle.
La cité est pour Platon, de
toutes les oeuvres humaines,
la plus tragique. Le bĂątisseur
est le véritable tragédien et
la cité la plus belle des tragédies,
celle qui aprĂšs lâerrance
des hommes cÚle leur alliance au divin. Au meurtre suit la réparation,
au dĂ©sordre suit lâordre, Ă la nature, la culture, au travail, le jeu. Le
temps des citĂ©s est le temps des fĂȘtes et du repos : « Le temps des
fĂȘtes est un temps divin, venu de la pitiĂ© divine pour la douleur des
hommes ». La ville arrache les hommes de leurs nécessités naturelles,
du devenir, du naßtre et du périr pour les élever au divin.
Mais Ă lâĂ©poque de ce que nous avons coutume dâappeler la mondialisation,
le nous par lequel le je trouve sens, devient un « on » anonyme et
sans qualité, un « on » disponible au profit. La ville devient ce dans quoi
lâon mange, ce dans quoi lâon dort et lâon travaille. Bref la ville devient
jungle, plus terrifiante encore quâun hypothĂ©tique Ă©tat de nature, un
état sans culture qui réduit le corps à la souffrance des nécessités
immédiates. Alors je, tu, il⊠on aboie.</p>
International Hyper Rythmique, Uncity Nation out now.
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2009-09-17T14:41:47+00:00
2019-03-07T20:25:28+00:00
jean
L'idée c'est la perspective
<p>International Hyper Rythmique sort son premier album Uncity Nation sur le label Ocean Music.</p> <p><a href="http://ihrmusic.com/" hreflang="fr">International Hyper Rythmique</a><br />
<a href="http://www.ocean-music.fr/" hreflang="fr">Ocean Music</a><br /></p>
<p><img src="http://lusinagaz.free.fr/blog/images/ihr/Promo Uncity nation1.png" alt="" /></p>
La ligne d'univers dans le plaisir du corps.
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2009-09-13T22:58:48+00:00
2019-03-07T20:25:28+00:00
jean
L'idée c'est la perspective
<p>Des ambitions littĂ©raires sans doute aussi honteuse que la masturbation.</p> <p>Dans un rapport encore objectif Ă son corps, elle touchait son ventre, constatait ces petits bourrelets qui se formaient quand elle se courbait pour se regarder. Lâalcool sans doute quâelle avait ingurgitĂ© hier plus que de mesure, participait Ă ses rondeurs matinales. Socialement Ă la limite de la dĂ©cence, lâonde qui se formait Ă la surface de son ventre âlorsquâelle y posait trop violemment le doigt- finissait par lâexciter. Alors elle dĂ©sirait son corps, jouir de le faire jouir, comme cette derniĂšre amarre âla plus sure en vĂ©ritĂ©- Ă la consistance des choses.<br />
Au bout dâun certain temps, lâintĂ©rĂȘt pour la chose radiodiffusĂ©e sâĂ©tait transformĂ© en une attention Ă sa propre rĂ©sistance. Au point que lâinterview venue, dans une grande fatigue, elle coupa la radio et commença de se masturber, timidement et par dĂ©pit ; comme si la jouissance devait la libĂ©rer de sa fatigue, de son ennui. Et cette figure du « comme si » lĂ©gitimait du point de vue moral, lâacte masturbatoire. Changer dâĂ©tat, changer de lieu, elle se dĂ©cida enfin Ă sortir de son lit.<br />
Sous la douche elle continua Ă se toucher. Son corps en Ă©tait alors le seul prĂ©texte, qui lâinvestissait de dĂ©sir.<br />
Les bras croisĂ©s les mains sur les Ă©paules. Elle enserrait ses seins. Etreints lâun Ă lâautre, recouvrant leur propre creusement dans le cheminement de leur paresse, infiltrant lâeau comme sâinfiltre la pluie au roc de la source ; source dâĂ©moi, renouveau des terres, ils semblaient plus volumineux que de coutume. La lueur blafarde du nĂ©on traversant le rideau de la douche, se teintait dâun rouge qui donnait Ă la pointe raffermie dâexcitation, un aspect plus brun encore. La densitĂ© de son sein y devenait nodale, Ă©cueil lancinant Ă lâampleur de sa courbe, luisante sous lâeau savonneuse, rouge aussi comme au pourpre de lâĂ©lan. Doucement dâune main filant la courbe, elle en Ă©prouvait la pointe entre lâongle et la peau. La tiĂ©deur de lâeau vive ramollissait tout du corps au psychique. Elle sentait grandir en elle cet Ă©tat de lassitude oĂč sâĂ©panouissait son corps depuis son Ă©veil. La vue de ses seins, lâample densitĂ© sous la tension des formes, lâexcitait tant, quâelle se sentit dâune fĂ©brilitĂ© extrĂȘme.<br />
Elle allait Ă son sexe la main sans pudeur. Le majeur parcourant ses lĂšvres lentement saillies, libĂšre le fruit de sa pulpe, dĂ©loge lâorgane de son fruit.<br />
Et comme le corps tendu mais tendre du violon sâemplit du toucher de la corde, elle laissait monter en elle, les puissantes vibrations de ses plus douces caresses. Ses doigts Ă©taient pleins de ce qui ne se distinguait de lâagilitĂ© de lâeau que par une Ă©paisseur aqueuse un peu grasse. Elle sentait monter en elle ce point critique, qui nâest guĂšre perceptible quâaux premiers Ăąges de la vie sexuelle, ce point de fusion, qui nâest ni la jouissance ni lâexcitation, mais la sensation mĂȘme de lâĂ©tat de changement. Ni tout Ă fait la sensation du changement lui-mĂȘme, ni tout Ă fait la sensation de la perte ou du gain de lâĂ©tat changeant ; mais la sensation du changement comme Ă©tat mĂȘme. Sensations qui constituent tout le senti des premiers Ăąges de lâadolescence, oĂč monte au clair de la conscience âjusquâĂ la perdre presque- lâĂ©panouissement de toutes les tensions sexuelles de lâenfance dans la forme du corps adulte. Dans ses poils, ses seins, ses hanches ou ses fesses. Elle ne se voyait tout simplement pas changeante, elle changeait ; et rendue Ă ce point dâanimalitĂ©, cela nâaurait su dâaucune maniĂšre la troubler. Elle se dĂ©possĂ©dait de quelque chose, pour se reconquĂ©rir pleinement.<br />
Le rythme de ses caresses allait sâaccĂ©lĂ©rant, Ă mesure que la mesure Ă©clatait. Une main passe sur lâautre, fraie la limite, hampe le corps par le sexe au plus profond ; puis âdâun autre doigt- par lâinterdit. Doublement bordĂ©e, dans son arrĂȘt, elle se sentait devenir forme. Au plus profond de ce qui nâĂ©tait plus tout Ă fait elle-mĂȘme, elle se sentait devenir forme pure sans matiĂšre. Plus son corps sâinflĂ©chissant, rejoignait le cercle de la jouissance, plus elle se sentait Femme. SâaccĂ©lĂ©rant encore, ses caresses, elle devenait son corps. Son corps plein. Comme un astre. Arc-boutĂ©e. Ronde sur elle-mĂȘme. Elle filait la ligne dâunivers, elle filait jusquâau jouir qui pointait dĂ©jĂ comme lâĂ©toile Ă lâorĂ©e du jour dans la nuditĂ© de sa transparence. Puis la dĂ©charge.</p>
Lâinvisible, lâĂ©rotisme et la pornographie.
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2009-09-13T22:54:06+00:00
2019-03-07T20:25:28+00:00
jean
L'idée c'est la perspective
<p>Comment l'enfant qui rĂȘvait dans le verre faisait aussi l'expĂ©rience de la pornographie.</p> <p>Je savais depuis tout petit ce quâĂ©tait exactement lâĂ©rotisme. Aujourdâhui je dirais une odalisque dâIngres ; lascive et apaisĂ©e lorsque tout en elle est, jusquâĂ lâĂ©toffe dĂ©voilante, manifestation dâune intĂ©rioritĂ©. Un secret, son secret, dont seule la prĂ©sence est prĂ©sentĂ©e, tĂ©nue, fragile mais, lui, retenu dans son secret. « Il y a » un secret ; un secret de lâapollinien renversĂ© : « Connais-moi moi-mĂȘme » mâenjoint-elle dĂ©sirable, dâun dĂ©sir offert Ă lâouvert, infiniment rĂ©itĂ©rable. Jâen avais fait lâexpĂ©rience originelle dans une bille de verre.<br />
Si lâon sâen souvient, nous avions, petit, au moins deux sortes de billes : les billes en terre vĂ©nĂ©rĂ©es par les plus vieux de nos pĂšres Ă la mĂ©moire dâargile, et les billes de verre, que nous-mĂȘmes vĂ©nĂ©rions dâun mysticisme naissant et profane. La terre se camouflait, certes, dâelle-mĂȘme mais sans mystĂšre, se continuant identique sous lâopacitĂ© de sa surface, aussi peu attrayante quâune mie de pain roulĂ©e, cache quâelle nâa rien Ă cacher. Le verre⊠rĂȘvait infiniment la cachette. Du verre Ă lâargile câest une autre mystique qui se raconte. De mĂȘme que du sillon de lâargile Ă la rue de nos villes, un autre monde devait sâĂ©riger : le monde de la pornographie.<br />
Si la terre prĂ©sentait un non-savoir dâelle-mĂȘme que lâon pouvait sâimaginer savoir, une espĂšce de nĂ©gativitĂ© fonciĂšre (la terre dans sa profondeur de terre que lâimagination portait au paraĂźtre, dĂ©veloppait le nĂ©gatif sans support photographique âcomme Ă la maĂźtrise de la tĂąche, sâĂ©panouie du sillon le mystĂšre de la terre) la transparence du verre offrait pour sa part le plus grand des mystĂšres au sein mĂȘme de sa splendide parence. Tout y Ă©tait Ă voir, tout y Ă©tait plein. Mais Ă lâĆil de lâenfant, il y Ă©tait Ă voir que tout ce qui Ă©tait vu nâĂ©tait pas vu, quâil sây Ă©chappait quelque chose Ă la prise du regard, quelque chose dâabsolument immaĂźtrisable, quelque chose de la modernitĂ©. Quelque chose Ă©tait inouĂŻ âou Ă lettre invu- dans cette bille de verre oĂč rĂȘvaient Ă©ternellement dâune transparence absolue ces saillis dâencre, rouges ou vertes mĂ©dusĂ©es : le phantasme.<br />
CartĂ©sien avant lâheure de raison, elles passaient sans repos de la rĂȘverie de nos yeux Ă celle de nos doigts. LorsquâĂ la croisĂ©e de ces errances sensibles, rien ne nommait au-delĂ de nos billes-lĂ notre fascination, elles donnaient frottĂ©es lâune Ă lâautre, de petits crissements comme autant dâindices de la sexualitĂ© du verre.
Petits effets de matiĂšre, petits coĂŻts de la bille au cours du quel le mystĂšre nâapparaissait pas plus quâauparavant : Quelque chose rĂ©sistait sans cesse dans la clĂŽture du mystĂšre. Ăa rĂ©sistait Ă lâanalyse sensible, Ă la sexualitĂ© du frottement, aux excĂšs de rage portĂ©s Ă coups de pierre lorsque sâĂ©prouvait la rudesse du mystĂšre, tandis que dans le mĂȘme temps, sâapaisait la colĂšre proportionnelle Ă lâinflation du cachĂ©. Dâune stĂ©rilitĂ© masturbatoire, les excĂšs du corps calmaient lâexcitation du mystĂšre ; mais la tranquillitĂ© retrouvĂ©e, le mĂȘme mystĂšre demeurait intact.<br />
Tout y Ă©tait montrĂ© jusquâĂ lâoutrance pourtant il y manquait quelque chose qui fascinait le regard, excitait tout le corps. Dâautant quâaucune expĂ©rience nâĂ©tait envisageable au-delĂ de celle de sa propre incapacitĂ© masturbatoire au bout du calme de laquelle les troubles rĂ©itĂ©raient toujours leur prĂ©sence. Câest lĂ , dans ce qui Ă©tait pour lâenfant perdu dans la rĂȘverie du verre insoumise Ă la prise du regard, lâinsaisissable mystĂšre, que fut ma premiĂšre image pornographique, la premiĂšre domination outrageante de lâinvisible sur le tout âparfois trop- visible. Outre-monde de rĂȘveries salutaires que ne pouvaient connaĂźtre nos pĂšres, ceux qui du sillon, par leurs incantations maĂźtrisant le mystĂšre, faisaient surgir les promesses dâune terre, un monde de la ruralitĂ© qui ne pouvaient soupçonner lâessence mĂȘme de la pornographie, notre nouvelle mystique.</p>
Les mots invisibles et la schizophrénie du visible
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2009-09-13T22:37:14+00:00
2019-03-07T20:25:28+00:00
jean
Philosophie
<p>Texte publiĂ© dans le premier numĂ©ro des Cahiers d'AdĂšle, L'invisible.</p> <p>Parlant du visible et de lâinvisible, dâune part, nous parlerons de notions plus que de mots ou de concepts afin de mettre Ă lâindex leur caractĂšre indĂ©terminĂ©. Le mot, le concept dĂ©signent des choses ou objets ; visible et invisible ne sont ni des choses ni des objets mais des milieux au sens dâun Ă©cosystĂšme des signes ou dâune Ă©co-sĂ©miologie.<br />
Dâautre part, comme le dedans et le dehors, le recto et le verso, le visible et lâinvisible forment un couple de notions distinctes mais insĂ©parables. Si nous pouvons parler de lâun sans penser Ă lâautre, ils nâen demeurent pas moins unis dans le rĂ©el. Il sâagit de ce que la philosophie mĂ©diĂ©vale nommait une distinction de raison.a pensĂ©e sĂ©pare ce qui ne lâest pas dans le rĂ©el . Car sâils sont numĂ©riquement distincts â puisquâil y a lâun, puisquâil y a lâautre et que lâun nâest pas lâautre â ils ne le sont pas rĂ©ellement. De mĂȘme quâil nây a pas de recto sans verso, de largeur sans longueur, dâextĂ©rieur sans intĂ©rieur, il nây a pas de visible sans invisible. Car tout visible a un dedans, un derriĂšre, etc. Tout visible recĂšle en lui une part dâinvisibilitĂ©.<br />
Cependant, contrairement aux couples de notions citĂ©es, visible et invisible ne sont pas numĂ©riquement distinct. Car le visible est potentiellement un invisible, lâinvisible potentiellement un visible ; il nây a pas lâun, il nây a pas lâautre, lâun est potentiellement lâautre et rĂ©ciproquement. Prenons lâexemple cĂ©lĂšbre de la phĂ©nomĂ©nologie husserlienne, le cube. Lorsque je regarde un cube, je ne vois Ă proprement parler jamais un cube. Seules trois de six faces me sont perceptibles dâun seul regard. Et lorsque les trois faces inapparaissantes entrent dans le visible, les trois autres disparaissent. A la lettre je ne vois jamais un cube, tout visible se double de son invisible. Il y a de la faussetĂ© dans lâaffirmation : « Je vois un cube. » <br />
Si lâexemple du cube est pour nous paradigmatique, il en va de mĂȘme pour toute autre perception de choses. La perception du rĂ©el est faite dâesquisses qui tour Ă tour apparaissent et disparaissent. Nous nâembrassons jamais le rĂ©el dâun seul regard.<br />
Je ne vois jamais les choses et pourtant je les nomme. Une voiture passe dans la rue, le bruit du moteur envahit le silence, la lumiĂšre des phares fait jouer lâombre des persiennes sur le mur de ma chambre, Ă proprement parler je ne vois pas cette voiture et pourtant je dis « une voiture passe dans la rue ». Cette voiture nâexiste pas, la crise des subprimes, la rĂ©volution française nâont pas eu lieu, pas plus que ce « terrible cinq heures du soir » dont parle Deleuze Ă la suite de Fitzgerald. Nous nâen avons que des esquisses, les fragments visibles dâun rĂ©el Ă©clatĂ©. Ce que nous nommons nâappartient pas au rĂ©el car ce que le mot signifie nâest pas la chose mais lâunitĂ© du concept, unitĂ© que ne possĂšde pas lâobjet ou la chose tenue au regard. Les concepts que nous nommons sont des objets de la raison qui ne prĂ©sentent aucunes racines rĂ©elles. Parler dâune chose, câest aller au-delĂ du sensible, au-delĂ du visible vers le concept qui constitue le point de convergence de toutes les sĂ©ries sensibles, du visible infiniment morcelĂ©s, infiniment Ă©clatĂ©. Leibniz avait raison de dire que nous ne percevons jamais le bruit dâun vague. Ce que nous percevons â sans nous en apercevoir â câest le bruissement de la multitude infinie des gouttelettes se choquant qui constituent cette vague. Je ne perçois jamais la chose que je nomme. Lâobjet nâexiste jamais quâen tant quâinvisible. Jamais dans ses esquisses visibles lâobjet ne resplendit dâune prĂ©sence pleine et entiĂšre. Parler dâune chose câest aller au-delĂ de ce qui en est donnĂ© au sens, câest aller du visible Ă lâinvisible, au concept vers lequel convergent toutes les esquisses. Et câest parce que nous parlons dans lâinvisible, parce que lâinvisible est le milieu de la parole, que nous avons la possibilitĂ© du mensonge ainsi que la possibilitĂ© de dĂ©lirer le sens en non sens. Mais câest aussi parce que lâinvisible est le milieu de la parole que le non sens fait encore sens. Câest parce que nous parlons dans lâinvisible que le « bleu » se dit aussi bien par sa longueur dâonde dans le langage de la science, que par ce bleu dont parle Claudel : « un bleu si bleu quâil nây a que le rouge du sang qui soit plus rouge encore ». Câest parce que nous parlons dans lâinvisible que le sens se dit dans tous les sens, de la rigueur scientifique au dĂ©lire poĂ©tique comme autant de maniĂšre de faire le monde en le disant.</p>
« Je ne vois pas la cachĂ©e dans la forĂȘt »
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2009-09-13T22:31:57+00:00
2019-03-07T20:25:28+00:00
jean
Art
<p>A propos du tableau de Magritte. Texte publiĂ© dans le premier numĂ©ro des Cahiers d'AdĂšle.</p> <p>« Je ne vois pas la cachĂ©e dans la forĂȘt »<br />
<em>Lâart ou le dĂ©voilement de lâĂȘtre occultĂ©</em><br /></p>
<p>Par un tour de passe-passe grammatical, le titre de lâĆuvre de Magritte Ă©tablit une loi dâessence Ă la dissimulation. Il est sans doute du propre du cachĂ© de pouvoir apparaĂźtre, ĂȘtre vu ou dĂ©couvert. Ce nâest sans doute quâun temps et par accident que ce qui est, peut nous ĂȘtre dissimulĂ©. Or en substantifiant lâadjectif « cachĂ© », Magritte pose un paradoxe du visible ; plus que dâĂȘtre cachĂ©e, la fille du tableau de Magritte est « la cachĂ©e », celle qui par son ĂȘtre mĂȘme â substantifiĂ© comme cachĂ© â ne saurait apparaĂźtre. Or ce qui ne saurait apparaĂźtre puisque son ĂȘtre mĂȘme est le cachĂ©, ne saurait ĂȘtre. Etre soi-mĂȘme et en soi-mĂȘme le cachĂ© revient purement et simplement Ă ne pas ĂȘtre.<br />
Il est intĂ©ressant par ailleurs de noter que le mot chose qui vient du latin Causa qui a donnĂ© le mot « cause », se traduit par le latin Res. Or Res est aussi le terme latin duquel dĂ©rive le mot « rien ». Il y a donc par lâastuce de la langue, une profonde corrĂ©lation entre la chose et le rien. Que la chose mĂȘme soit un pur nĂ©ant, câest ce quâatteste pour nous le tableau de Magritte. Pourtant sous les traits dâune fille, elle apparaĂźt sur la toile cette cachĂ©e. Magritte contredit lui-mĂȘme son premier paradoxe qui consiste Ă dĂ©terminer lâĂȘtre par le cachĂ©, en faisant apparaĂźtre ce qui est en sa substance, cachĂ©. Divagation surrĂ©aliste ou vĂ©ritĂ© ontologique ?<br />
En rĂ©alitĂ© Magritte rĂ©pĂšte les fondements de la tradition mĂ©taphysique pour laquelle il est du propre de lâĂȘtre de ne pas apparaĂźtre : « Ce qui est, ni ne se sent ni ne se voit ni ne se donne ; ce qui se sent, se voit, se donne, nâest pas ». Telle est la formule par laquelle Jean-Luc Marion Ă©nonce le paradoxe du dĂ©ficit phĂ©nomĂ©nologique de lâĂȘtre dĂ©terminĂ© par la substance. En effet, si lâĂȘtre est dĂ©terminĂ© par la substance comme ce qui demeure sous les changements qualitatifs mais visibles, la substance elle nâapparaĂźt pas. Le morceau de cire peut bien changer dâaspect, dâodeur de couleur de consistance, bref changer du tout au tout, il nâen demeure pas moins le mĂȘme morceau en vertu de ce qui dans le sensible nâapparaĂźt pas, lâunitĂ© de sa substance, lâĂȘtre mĂȘme auquel se rapporte toutes ses qualitĂ©s sous la forme logique : la substance cire est jaune, rouge, dure, molle, etc. Le premier paradoxe nâen est plus nu au regard de la tradition de la mĂ©taphysique qui dĂ©termine lâĂȘtre par lâinapparence.<br />
Reste le second paradoxe. La cachĂ©e est lâĂȘtre mĂȘme dĂ©terminĂ© par la substance. Mais ce cachĂ© en soi et pour soi peut-il entrer dans le visible sans contredire sa dĂ©termination absolue et substantielle de cachĂ© ? Comme lâatteste le tableau de Magritte, lâart permet un tel dĂ©voilement de lâĂȘtre dans le visible. Câest sous les traits du beau, lorsque le beau depuis Kant au moins, outrepasse les catĂ©gories de lâobjectivitĂ© pour atteindre Ă la chose mĂȘme qui reste dans nos prĂ©occupations quotidiennes fondamentalement cachĂ©e, que lâĂȘtre mĂȘme peut apparaĂźtre. Heidegger a bien montrĂ© quâil Ă©tait du propre de lâustensile de ne pas apparaĂźtre tant quâil est en usage. Et de prime abord et le plus souvent câest sur le mode de la prĂ©occupation que nous commerçons avec les choses du monde. ConsidĂ©rer la chose du point de vue de son utilitĂ©, câest nier sa spĂ©cificitĂ© au profit de sa finalitĂ©. Dans lâusage, la chose disparaĂźt, et ce nâest que dans la panne, dans lâannulation de ce en vue de quoi elle est faite, que la chose mâapparaĂźt telle quâelle est. Je ne vois pas le marteau dont je me sers autrement que dans lâefficacitĂ© de son usage. La tour Eiffel par exemple resplendit dans lâĆil virginal du touriste japonais, comme elle a resplendi une fois au moins dans lâĆil novice du parisien avant de sâabĂźmer dans lâutilitĂ© quotidien comme lieu dâhabitude et dâusage dans lesquels la tour a fini par disparaĂźtre. Par lâusage je ne vois plus ce qui mâentoure. On comprend dĂšs lors lâimportance dâartistes comme Christo ou Duchamp. Câest en les faisant disparaĂźtre sous ses toiles tendues que Christo fait apparaĂźtre les choses qui disparaissaient dans lâusage quotidien. Par ses Ready-made, Duchamp met lâobjet hors dâusage, et câest hors dâusage que la chose mâapparaĂźt comme pour la premiĂšre fois lorsquâelle disparaissait dans lâusage quotidien que jâen faisais. NĂ©gativement chez Christo ou positivement chez Duchamp, les choses mâapparaissent en sâabstrayant de leur usage.<br />
Lâart possĂšde cette possibilitĂ© de nous faire apparaĂźtre ce qui de prime abord et le plus souvent nâapparaĂźt pas ; il ne rend pas le visible, il rendre visible, disait Klee. Et câest dans la beautĂ© que la chose mĂȘme nous apparaĂźt. La beautĂ© nâest pas un simple jugement subjectif dâagrĂ©ment ou de plaisir. Il est depuis Kant un jugement universel sans concept. Une chose ne sera pas dite belle ni parce quâelle me plait, ni parce quâelle est conforme Ă un concept relatif de beautĂ©, mais parce quâelle resplendit dâune prĂ©sence pleine, outrepassant les limites mĂȘme de ce que peut penser la penser. <br />
LĂ oĂč je perds ma langue, lĂ oĂč je perds ma voix, bref si je perds lâusage, câest la chose qui est lĂ . Et la chose lĂ mâimpose alors dâinventer un langage qui soit le sien et non le notre, un langage qui aille au-delĂ du commun et de lâutile. Si la science arraisonne la chose aux limites de lâentendement humain et de ces catĂ©gories, lâart est fait par la chose au mĂȘme titre que lâon dit de lâamant quâil est fait par lâĂȘtre aimĂ© â ĂȘtre fait, pris, saisi, ravi. Le scientifique apprĂ©hende lâarbre dans le sens dâune plus grande utilitĂ©, quand il traduit lâarbre en Ă©nergie, matiĂšre et atome, câest pour lui faire tenir le langage de la machine Ă vapeur. Dans la langue du poĂšte câest lâarbre lui-mĂȘme qui sâexprime dans des formes inouĂŻes sous des traits qui ne nous avaient jamais Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s. La science objective investie lâarbre de ses catĂ©gories, lâart est investi par le silence de lâarbre qui lui impose ses formes. La science objective lorsque le poĂšte « arbrifie ».<br />
Câest la raison pour laquelle, Magritte sans contradiction peut bien faire apparaĂźtre sous les traits dâune fille celle qui en sa substance demeure cachĂ©e, la cachĂ©e. Si lâacquiescement Ă©claire le visage nous dit Char, la beautĂ© lui donne le refus. Ce refus est le refus de lâusage. Et dans cette soustraction Ă lâusage elle est belle, et dans cette beautĂ© elle apparaĂźt.</p>
<p><br />
<img src="http://a10.idata.over-blog.com/0/15/99/19/espace-priv-/magritte-photo2.jpg" alt="" /></p>
La Peur.
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2009-07-12T02:12:00+00:00
2019-03-07T20:25:28+00:00
jean
Les Ă©ditos d'AdĂšle
<p>AprĂ©s L'Invisible, Le Faux, et L'Archive, Les Cahiers d'AdĂšle s'attaquent Ă La Peur. Ici, l'Ă©dito du dernier numĂ©ro. A vos plumes...</p> <p>LâĂ©poque nous montre ce que la pensĂ©e nous a par ailleurs appris : la peur nous fait obĂ©ir. Au principe de lâobĂ©issance, elle gouverne ceux qui sont dĂ©nuĂ©s dâentendement, par des signes destinĂ©s Ă lâimagination. Lâimagination libre, insoumise Ă lâentendement dĂ©lire ainsi les choses, et le bruit du plancher qui craque devient la visite du voleur, le pas dans la rue celui du violeur, le buisson brĂ»lant sans se consumer devient le signe de Dieu. JâobĂ©is au prophĂšte, jâobĂ©is Ă ma mĂšre et je me retranche, et je mâabstrais de ce dont jâai peur, de ce dont je dois avoir peur. Et la peur dessine alors des territoires, trace la ligne du mien et du tien, du bien et du mal, le cercle au-delĂ duquel se tient lâautre, lâĂ©trange et lâĂ©tranger. Alors certes comme lâexercice physique la peur me tient en forme au sens propre comme au sens figurĂ©. Mais cette forme nâest jamais que nĂ©gative, me dĂ©finissant Ă partir de ce que je ne suis pas, jamais Ă partir de ce que je suis, c'est-Ă -dire de ce que je peux. Dans la peur je suis fait par ce qui me fait peur ; jamais tout Ă fait moi-mĂȘme, en creux ou nĂ©gativement, je suis ce dont jâai peur.<br />
Mais la graine qui nâa pas peur, la graine qui nâa peur de rien devient arbre, devient forĂȘt, cabane, bois de chauffe, bref, elle devient Ă lâinfini et toute chose bien au-delĂ de sa forme. Celui qui nâa pas peur est dans la possibilitĂ© de devenir toute chose. Pour faire du cinĂ©ma affirmait Cassavetes, il faut nâavoir peur de rien ni de personne. Il en va de mĂȘme pour toute chose, pour faire il faut nâavoir peur de rien ni de personne. Et AdĂšle nâa pas peur.<br />
Dire la peur, la montrer, la raconter est-ce aussi peut-ĂȘtre une maniĂšre dâĂ©tendre le cercle de lâhabitĂ©. ManiĂšre Ă laquelle auteurs, photographes ou encore illustrateurs se sont ici attachĂ©s dans leurs diffĂ©rentes Ćuvres, essais ou nouvelles.</p>