Les Cahiers d’Adèle consacre le deuxième numéro au thème du faux. Essais, nouvelles ou illustrations traduisent de façon éloquente cet univers du factice qui semble régir de façon invisible notre monde sensible, du simple mensonge que tout un chacun a pu expérimenter dans la vie quotidienne, à des réflexions plus holistiques sur les questions de nature et culture à travers l’idée de l’art comme imitation ou transcendance de la nature, en passant par des interrogations sur l’identité. Face au faux, au factice, à l’artifice, qui sommes-nous quand nous disons « je Â» ? Et, face à cela, qu’en est-il du concept du Vrai, de la Vérité ? La fabrique du faux devient alors une entreprise complexe et ambiguë qui élargit son emprise sur le monde des idées et des sentiments. Agencé en rubriques, ce volume dévoile une réalité cachée qui rejoint et complète le thème précédemment exploré de l’invisible. Faussaires, arnaqueurs et escrocs en tous genres sont naturellement les pièces maîtresses de cet échiquier du mensonge, mais ces prestidigitateurs ont besoin d’un public de croyants pour créer l’illusion et l’artifice. Réalité et croyance semblent se situer comme pourrait le dire J. L. Borgès sur des « chemins aux sentiers qui bifurquent », embrassant des visions du monde où faits avérés et besoins de croire entretiennent des rapports complexes. Ce désir d’absolu pourtant irréductible à toutes interprétations scientifiques reste au final l’essence de tous les possibles. C’est ce que les auteurs nous donnent à lire.