Appel Ă  contributions n°6 : « le pardon »
Si l’on pardonne c’est que paradoxalement il y a de l’impardonnable. « Le pardon est mort Ă  Auschwitz », affirmait le philosophe JankĂ©lĂ©vitch. Le pardon se tient au-delĂ  des limites, Ă  l’excès. Il excède l’excusable lorsque l’excuse excuse, paye et fait payer, efface les dettes. Qu’elle renvoie Ă  quelques circonstances attĂ©nuantes ou aux rachats de la faute, par l’excuse, nul n’est mĂ©chant volontairement. Le pardon, quant Ă  lui, est difficile car, dans la situation limite oĂą il s’exerce, il se donne sans retour. Que gagne-t-on alors Ă  pardonner si le pardon n’efface rien ? Loin d’exclure la mĂ©moire, le pardon la libère de sa douleur, du ressentiment et du dĂ©sir de vengeance. Il libère le prĂ©sent pathologiquement enfermĂ© dans son passĂ© afin d’ouvrir un avenir possible. La douleur de l’impardonnable, qu’elle soit publique ou privĂ©e, qu’elle soit celle d’un peuple ou d’un individu, s’efface dans le pardon. Et la mĂ©moire enfin libĂ©rĂ©e pourra conjuguer au futur son devoir, sous la forme de l’impĂ©ratif : « tu n’oublieras pas ».

Edito :

Si l’on pardonne c’est que paradoxalement il y a de l’impardonnable. « Le pardon est mort à  Auschwitz », affirmait le philosophe JankĂ©lĂ©vitch.  Le pardon se tient au-delà des limites, à l’excès. Il excède  l’excusable lorsque l’excuse excuse, paye et fait payer, efface les dettes.  Qu’elle renvoie à quelques circonstances attĂ©nuantes ou aux rachats de la faute, par l’excuse, nul n’est mĂ©chant volontairement. Le pardon, quant à lui,  est difficile car, dans  la situation limite où  il s’exerce, il se donne  sans retour. Que gagne-t-on alors à pardonner si le pardon n’efface  rien ? Loin d’exclure la mĂ©moire, le pardon la libère de  sa douleur, du ressentiment et du dĂ©sir de vengeance.  Il libère le prĂ©sent pathologiquement enfermé dans son  passé afin d’ouvrir un avenir possible. La douleur de  l’impardonnable, qu’elle soit publique ou privĂ©e, qu’elle  soit celle d’un peuple ou d’un individu, s’efface dans le  pardon. Et la mĂ©moire enfin libĂ©rĂ©e pourra conjuguer au  futur son devoir, sous la forme de l’impĂ©ratif : « tu n’ou- blieras pas ».Â